Peter Sagan est sans nul doute l’un des meilleurs coureurs cyclistes sur route de l’histoire –et probablement l’un des plus grands à n’avoir jamais remporté le Giro d’Italia, la Vuelta a España ou le Tour de France.
Il a toutefois gagné six fois le Classement par points du Tour de France, ou maillot vert, ainsi que 11 étapes de la course sur route la plus prestigieuse au monde. En outre, il a remporté trois titres de champion du monde consécutifs, quatre étapes de la Vuelta, 11 étapes du Tour de Californie et le classement général, 15 étapes du Tour de Suisse, ainsi que le Paris-Roubaix et le Tour des Flandres. Au total, il a remporté plus de 100 courses en tant que professionnel. Autant dire que ce slovaque de 29 ans ne manque pas de ressources.
De toute évidence, ses compétences en cyclisme et en course sont indéniables. Mais cela ne suffit pas pour devenir un athlète exceptionnel de classe mondiale. Bien qu’il ne soit pas un pur sprinter, il a néanmoins remporté de nombreux sprints. Et bien qu’il ne soit pas non plus spécialiste de la montagne, il tire toujours très bien son épingle du jeu dans les montées. Son programme d’entraînement doit certainement lui donner un avantage sur les autres et faire de lui un cycliste rare, qui excelle dans toutes les facettes de son sport.
Au cours de l’hiver 2017, Cycling Weekly a passé une semaine avec Sagan alors qu’il reprenait son entraînement avec Paxti Vila après ses vacances hors saison. Le but était de commencer à se préparer en termes de renforcement musculaire et de condition physique pour la saison éprouvante à venir.
La première journée a consisté en une balade matinale facile de deux heures, suivie d’une séance de gym plus intense axée sur la vitesse. Selon Vila, directeur sportif et entraîneur de l’équipe Bora-Hansgrohe de Sagan, le but de la journée était de faire travailler ses fibres musculaires de façon harmonieuse. Mardi, la sortie de trois heures et demie s’est composée de quatre répétitions de 10 minutes à 85 % de son seuil aérobie maximum. La course de mercredi durait quatre heures et demie et comprenait deux collines.
Sagan a pu récupérer le jeudi, avec un programme d’entraînement très similaire à celui du lundi. La sortie vélo a été plus intense le vendredi. La sortie de trois heures et demie comprenait une trentaine de répétitions, au cours desquelles Sagan devait maintenir entre 100 et 105 % de sa puissance aérobie sur les collines pour renforcer son endurance. Le samedi a constitué la plus longue sortie d’endurance de la semaine, de 4 à 5 heures, où Sagan est sorti avec des amis et a fourni des efforts de couple de trois minutes à 50-60 tr/min, en alternance avec deux minutes à 90 tr/min, afin de gagner en force et en condition physique. Enfin, dimanche a été consacré au repos, devant un film, un livre et la Play Station.
En ce qui concerne son calendrier d’entraînement à l’approche de la saison, Vila a déclaré à Cycling Weekly : « Normalement, le laps de temps entre le 15 novembre et le Tour Down Under constitue notre période de base. Après le Down Under, nous entamons l’entraînement par blocs en travaillant sur l’intensité et la vitesse avant les Classics. Le mois d’entraînement le plus important de l’année pour nous est le mois de février où le volume hebdomadaire atteint 32 à 35 heures, généralement au cours de la troisième semaine de février. »
La formation de Sagan comporte des éléments uniques. En fait, il travaille avec des spécialistes en Belgique pour réduire le risque de blessure et renforcer son centre du corps. Cela peut ainsi accroître sa force et sa souplesse, comme l’illustre cette vidéo YouTube bien connue, qui associe des exercices avec des poids à des exercices de gainage et de souplesse en salle de sport.
La plupart des coureurs, en particulier les sprinters, travaillent souvent leur musculation en salle de sport en dehors des saisons, mais rarement pendant la saison où ils préfèrent se concentrer sur l’entraînement sur route. Mais Sagan est différent –comme tous les coureurs de Bora-Hansgrohe de Vila– parce que sa puissance est une composante importante de sa capacité à courir.
Selon Vila, Sagan n’est pas de nature rapide. « Sa vitesse s’explique par sa fraîcheur et sa force », explique-t-il. « Lorsqu’il arrive, il est encore frais. Tout en étant plus rapide que les plus rapides. »
Cela n’explique toutefois pas pourquoi Sagan puisse grimper et sprinter aussi bien à la fois. Les deux exercices nécessitent différents types de fibres musculaires dans les jambes : contraction lente (type 1) et contraction rapide (type 2). Les coureurs de marathon ont principalement des fibres musculaires à contraction lente qui se fatiguent lentement mais ne génèrent pas beaucoup de puissance, tandis que les jambes des sprinteurs sont principalement constituées de fibres à contraction rapide qui se fatiguent rapidement mais produisent beaucoup de force.