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« MISSION, subst. Fém. 1. Charge donnée à qqn d’aller accomplir qqch., de faire qqch.
On l’a chargé d’une mission. Synonymes : mandat »

 

Depuis la création de l’Intense Mavic Collective, je dédie la quasi totalité de ma saison à ces fameuses MISSIONS. Me fixer des buts précis à chaque fois que je suis sur le vélo fait partie de mon quotidien et c’est de loin ce qui me motive le plus, au-delà de mon programme de courses.

J’ai toujours aimé sortir des sentiers battus en explorant plus loin que mes sentiers et sommets habituels. Toujours à la recherche de spots improbables ou à regarder des vidéos originales de différents horizons, je m’inspire essentiellement du milieu du ski et des autres sports de glisse. Mais je suis surtout captivé par les esprits créatifs ! Cette année, nous poursuivons avec Pierre, caméraman de la série, avec quelques belles nouveautés. Après avoir roulé la plus haute dune du monde, un volcan à plus de 6000 mètres au Pérou, les déserts Namibiens en Afrique, ou encore le cœur des Dolomites en Italie, il était temps d’ajouter un élément à ces diverses aventures.

Jusqu’à maintenant, nous nous concentrions sur la diversité des spots, la manière de filmer ou pour les plus puristes, la façon de rouler. Mais il n’y avait pas de notion d’échange… Nous avons la chance de voyager aux quatre coins du globe et il est souvent difficile de raconter après coup tous les moments de vie et expériences différentes qu’offrent chaque destination.

Ce n’est pas seulement faire du vélo dans des lieux improbables. A travers toutes ces dernières vidéos et photos, nous transmettons un infime pourcentage de ce que nous vivons réellement. Discuter de mes voyages avec ma famille et amis proches m’a ouvert les yeux à ce sujet. Ma conclusion est simple, il n’est pas possible de vivre le voyage autrement qu’en direct. Et il est parfois frustrant de garder des souvenirs pour soi, incapable de les exprimer.

Début 2019, nous décidions de lancer la MISSION ŠKODA. Sur plusieurs étapes, nous avons dans un premier temps lancé un appel à la candidature. Le concept ? Tenter de gagner un trip en ma compagnie pour le 5ème épisode de ma web-série MISSION. Chaque candidat se devait de créer et d’uploader une courte vidéo sur Instagram, mettant en avant sa personnalité. Nous n’étions pas rentrés davantage dans les détails du profil recherché mais il était évident que le futur gagnant devait se rapprocher de ma propre vision du vélo.

Solliciter le public à créer du contenu pour participer à un concours, au-delà d’un simple like ou commentaire, est déjà une vraie preuve de motivation. Je remercie donc encore une fois toutes ces personnes (et m’excuse par la même occasion de ne pas vous avoir tous emmené ;)).

Agréablement surpris par le profil et la créativité de nombreux participants, il a été difficile de départager le premier top 10. Ce même groupe qui s’est transformé en top 3 après le vote du public. Charles Martigny, Elliot Lees et Yannis Pelé sont sortis du lot pour toutes les raisons évoquées. C’est donc avec plaisir qu’ils m’ont accompagné pour un weekend de ride à Finale Ligure, dans l’attente du trip principal au Chili.

Deux jours de ride, de pizzas et de partage en Italie. Non pas pour sélectionner et mettre en compétition les candidats, mais surtout pour apprendre à les connaître. Je voulais avant tout que nous profitions des deux jours et que chacun soit à son aise. Un exercice délicat me concernant puisqu’il fallait que j’annonce un vainqueur à la suite de ce petit séjour. Croyez-moi, c’est toujours délicat de jouer ce rôle quand tu entretiens une relation amicale dès le début du weekend.

Yannis est notre vainqueur. Avec un passé particulièrement lourd, c’est son histoire qui m’a le plus touché. Ce jeune descendeur prometteur est victime d’un gros crash deux ans auparavant pendant une coupe de France. Touché à de nombreuses vertèbres, Yannis perd l’usage de ses jambes à 19 ans. Le verdict des médecins est unanime, il n’y a que très peu d’espoir pour qu’il remarche.

 

 

Yannis est notre vainqueur.

 

Encore en rééducation poussée depuis son accident, Yannis a grandi plus vite que tous ses autres amis. Avec une détermination hors normes, il retrouve progressivement des sensations et se remet debout après plusieurs mois.

Personnellement et je parle pour de nombreux autres pilotes, c’est notre hantise. J’ai toujours redouté ce type d’accident, où tout peut basculer en une fraction de seconde…Il est pour autant hors de question de se freiner, en y réfléchissant trop souvent mais il faut en avoir conscience, ces accidents arrivent.

Je tiens surtout à féliciter Yannis pour son courage et son mental. Curieux à l’idée de le connaître réellement au Chili, j’étais aussi sous pression, sans savoir à l’avance ses capacités et limites. Mais il m’a bluffé et c’est parfois lui qui m’a donné des leçons. Merci Yannis.

En compagnie également de Pierre Henni, caméraman du projet, nous séjournons 3 semaines à Pucón. Notre camp de base domine le lac et se situe sur les premières pentes du célèbre volcan Villarica. Autour, de nombreux autres volcans offrent un panel de paysages différents et uniques. Des sommets fumants aux pentes glacières, jusqu’aux magnifiques forêts atypiques en contrebas, je sais d’ores et déjà que le séjour sera varié.

 

 

L'équipe en SKODA

 

Mais pas de tout repos ! Ici, tout se mérite et les accès aux différents spots sont délicats. Nous débutons par une première grosse MISSION, la conquête du glacier Picchilancahue. Le but? Passer deux jours en montagne à explorer le glacier et les potentielles lignes freeride au milieu des crevasses et ruisseaux.

 

 

Un petit wheelie

 

Sur le glacier

 

Yannis n’est pas au courant mais je suis aussi en train de le tester. On ne vit pas une sortie en montagne à 10000km de la maison, dans un endroit inadapté à la pratique du vélo, aussi bien que sur ses pistes locales. Ces premiers jours me permettent de mesurer ses vraies motivations. Ici, pas de navettes, pas de télésièges, pas de pistes officielles, mais des paysages époustouflants au milieu de nulle part.

On imagine difficilement l’envers du décor quand on regarde une vidéo bien réalisée.  Avec l’enchainement des images, la musique, tout paraît beau et facile. Mais il y a toujours un énorme travail derrière. Des heures à explorer des zones sans succès, des mauvaises surprises, des imprévus, il y en a ! Mais c’est ce qui rend l’aventure intéressante et c’est le premier message que j’essaye de faire passer à Yannis. Il l’entend rapidement et se concentre sur l’essentiel, le décor dans lequel nous évoluons.

Ça me fait plaisir de pouvoir partager ces moments en direct. Au-delà du voyage, j’ai une vraie passion pour la réalisation d’images, aussi intenses que celles que j’ai à rouler! La première nuit en montagne est tout aussi magnifique. Aucune pollution de lumière aux alentours, la voie lactée paraît irréelle et les étoiles filantes ne cessent plus.

Moi qui détestait mon immense sac en début de journée, je suis content d’être confortablement installé. Nous ne manquons de rien! L’eau est souvent problématique à transporter quand tu passes plusieurs jours en montagne. Ça prend de la place, c’est lourd et tu as aussi tout un tas de choses super importantes à ne pas oublier. Le glacier a donc été notre source d’eau pour cette première petite expédition, nous permettant de transporter les tentes et matelas en option.

 

 

A la belle étoile

 

Le lendemain, Yannis profite de sa première descente en forêt, au milieu d’immenses Araucarias. Un décor digne de Jurassic Park! Ces arbres, parfois vieux de 2000 ans, nous replongent en préhistoire. En revanche, on vous déconseille de vous y frotter. D’apparence similaire à des sapins, ils sont aussi agressifs que des cactus.

En même temps, j’analyse la manière de rouler de Yannis et m’interroge sur ses réelles gènes. Il est particulièrement gainé et est doté d’une solide musculature. Il encaisse très bien les chocs de front mais a encore des faiblesses en partie inférieure, surtout sur les enchainements rapides. Yannis m’explique qu’il est difficile pour lui de gérer les mouvements rapides avec ses jambes. Délicat donc d’être très actif sur les enchainements rapides ou de se mettre en danseuse. Pour vous donner une idée plus précise de son état actuel, son travail de rééducation s’oriente aujourd’hui vers la course à pied, à essayer de contrer les spasmes musculaires quand les mouvements sont trop rapides.

 

 

En pleine forêt

 

Entre les arbres

 

Nous avons enchainé d’autres repérages autour de Pucón, notamment sur les bike parks locaux. Il y a une vraie communauté de vététistes ici au Chili et nous nous devions de vérifier ce qu’il en était. Les pistes sont techniques et engagées, toujours dans des décors très sympas. Un spot au milieu d’un lit de rivière, construit à partir d’une ancienne coulée de lave, retient particulièrement notre attention. Nous y ferons d’ailleurs escale en fin de trip, pour le moment un bon créneau météo approche, pas question de louper notre prochaine étape !

Le sommet du Solli Pulli, un autre volcan à 3h en voiture de Pucón. Il s’agit d’ailleurs aujourd’hui de l’un des sommets les plus atypiques et variés que je connaisse. Au départ d’une forêt magique, perdue en fond de vallée, nous embarquons encore une fois notre maison sur le dos. Le choix est fait de prendre beaucoup de matériel en limitant notre vitesse d’ascension, divisée en deux étapes. La première s’étale sur 600 m de dénivelé pour installer le camp de base au milieu d’immenses champs de roches volcaniques, parsemés d’Araucarias. Un nouveau décor surréaliste… On ne s’imagine pas un seul instant que des arbres puissent survivre au milieu d’un désert de cailloux. Le sommet du lendemain est visible du camp et nous apprécions un coucher de soleil, seuls au monde !

Au-delà du soleil, nous en profitons surtout pour enchainer quelques belles lignes à bloc ! Je suis impressionné par la vitesse de Yannis sur ce terrain, qu’il ne connait pourtant pas. Il a juste envie de bien faire, de rouler vite et c’est aussi bluffant de voir à quel point il a retrouvé confiance.

Revenir de la sorte après son accident n’est pas seulement un travail physique de rééducation. C’est toute une préparation et condition mentale solide. Malgré sa fougue sur deux ou trois passages, qui m’a valu quelques sueurs froides, je le félicite. M’étant mis la pression à l’idée de le ramener en France en un seul morceau, j’étais parfois insistant sur quelques détails.  Ce n’est jamais une partie de plaisir de chuter dans ces situations. Tu es loin de tout, parfois sans réseau, mais il est primordial d’anticiper le fait que ça puisse arriver.

 

 

Au milieu de paysages époustouflants

 

Nous écourtons la nuit pour espérer un levé de soleil sur les crêtes du cratère, 500m de dénivelé plus haut. Je n’ai pas prévenu Yannis, mais le cratère contient maintenant un immense glacier, sur des kilomètres. Le spectacle est sur le même thème que toutes les autres découvertes, magique! Je profite de la fin de l’ascension pour prendre un peu d’avance, et m’arrête au premier point de vue du glacier, excité de la réaction de Yannis et Pierre à leur arrivée.

Ils n’ont pas été déçus et je ne vous le cache pas, c’est encore plus beau qu’en photo. Désolé encore une fois, mais quand je vous dis que certaines choses ne se vivent qu’en direct, c’est le cas! On a passé un long moment à contempler le paysage, depuis les crêtes ou sur le glacier. Mais d’immenses lignes freeride noires nous appellent sur l’autre versant. C’est aussi une première pour Yannis et je l’invite à me suivre sur les premières centaines de mètres.

 

 

MISSION ŠKODA – CHILI

 

Yannis habite en montagne et fait également du ski. Il a donc vite compris la notion de glisse sur ce nouveau terrain. La descente se poursuit dans le même ordre que les autres volcans, passant de poussières aux rochers volcaniques, avec une continuité sur un trail technique et sinueux, entouré d’Araucarias.

De retour à Pucón, nous passerons ensuite les derniers jours du trip à rouler ces fameux lits de rivières et cascades. Et comme la fin de voyage rime aussi avec plaisir et détente, c’est l’occasion parfaite de découvrir la région autrement. Pucón est parsemé de thermes d’eau chaude et propose de nombreuses activités touristiques plutôt cool, comme sauter en parachute au-dessus du cratère du Villarica!

Que de bons souvenirs et nouvelles expériences lors de ce séjour au Chili. L’équipe en a tiré de belles leçons et je ne peux que remercier ŠKODA de nous avoir permis de vivre ces beaux moments. Merci Yannis pour ton courage et ta motivation sans faille pendant tout le séjour! Le message est passé je l’espère, sortez de votre zone de confort !

 

 

Light painting

 

 

https://youtu.be/URdT4zcgO58

 

 

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