Skip to main content

La saison cycliste vient de se terminer et déjà, l’impatience de retrouver les grandes championnes et champions sur les routes dès janvier est grande. En décembre auront lieu les premiers rassemblements hivernaux et l’ambiance des courses commencera à se faire sentir. Mais avant cela, une question se pose : que fait un coureur pro en novembre ? Jean-Baptiste Quiclet, directeur de la performance de l’équipe DECATHLON – AG2R LA MONDIALE, t’explique tout.

Les bases de la coupure de novembre sont posées dès octobre

“Les coureurs finissent la saison en octobre, puis ils participent à un premier stage qui inclut déjà beaucoup de choses importantes en vue de la saison suivante. Ils se prêtent à des ateliers techniques et ergonomiques, comme la position sur le vélo, la podologie ou des prises de mesures pour les textiles. Ils se livrent aussi aux entretiens de fin d’année, tant avec la direction sportive qu’avec nos spécialistes d’autres domaines comme par exemple la nutrition ou le médical. La coupure est alors définie par les entraîneurs mais en collaboration avec le médecin, qui aura estimé la fatigue du coureur et en fonction de celle-ci ajuste la durée de cet arrêt de toute activité physique. C’est en moyenne quatre semaines. 

Du coup, ce que fait un coureur pro en novembre, c’est… pas grand chose jusqu’à la reprise de l’entraînement et le premier rassemblement hivernal, vers la mi-décembre au soleil en Espagne. Les coureurs ont une première tendance sur leur programme de l’année suivante car ils apprennent dès octobre de quelle cellule ils feront partie en termes de calendrier de course. Il y en a grosso modo cinq : les trois Grands Tours et les deux types de classiques, certains étant rattachés à deux d’entre elles. Plusieurs coureurs savent aussi qu’ils reprendront dès le Tour Down Under en Australie début janvier. Ils sont mis au courant en septembre. D’autres stoppent la saison précédente un peu plus tard car ils sont allés en Chine. En fonction de tout cela, les rythmes à la reprise de l’entraînement varient donc naturellement.”

Que fait un coureur pro en novembre ?

©Alex Broadway

Un hiver qui suit le juste tempo

“Être fixé en amont sur les grandes lignes de son programme futur permet de considérer la coupure, et la réathlétisation qui suit, comme des phases normales et nécessaires du travail hivernal. Cela se fait selon le juste tempo. Les coureurs aiment bien, mi-décembre, arriver avec déjà une belle condition car c’est rassurant, car les séances sont déjà exigeantes. Ils ont besoin de deux ou trois semaines d’entraînement dans les jambes pour se sentir bien. Aujourd’hui, en tout cas, tous les coureurs savent que ce n’est pas lors des rassemblements en Espagne que les sélections sur les grandes courses se jouent parce qu’ils vont grimper plus vite que les copains le col voisin de l’hôtel. 

Par le passé, il y avait aussi parfois le cliché inverse : celui du coureur qui prend du poids l’hiver puis lance une course contre-la-montre quand les compétitions reviennent. À une époque, la coupure durait encore plus longtemps et c’est la reprise des courses qui relançait la machine progressivement. C’est fini, ça, et depuis de nombreuses années. La diététique, en cours de saison, est beaucoup mieux maîtrisée maintenant, tant quantitativement que qualitativement. Les coureurs mangent suffisamment par rapport aux calories qu’ils brûlent et ils sont moins sujets à des excès pendant l’hiver car ils ont moins de frustrations. Aussi et surtout, la mentalité des coureurs à mon sens a changé.”

Que fait un coureur pro en novembre ?

©Alex Broadway

La coupure, c’est d’abord le plaisir de ne rien programmer

“Repos physique et mental, préparation physique générale et musculation, reprise du vélo sur les fondamentaux… Les étapes avant de démarrer tambour battant la préparation sont claires et permettent de mettre en place le meilleur environnement préalable à la saison à venir. La première phase, c’est important, elle doit inclure vraiment un arrêt total de toute activité physique, hormis éventuellement quelques promenades pour s’oxygéner. Il faut engager un désentraînement qui ensuite permet un réentraînement. 

Le grand intérêt de la coupure, c’est aussi de bénéficier de plusieurs semaines durant lesquelles rien n’est programmé. Bien sûr, le coureur ne doit pas faire n’importe quoi et ceux qui apprécient énormément faire des sports hors cyclisme sont encouragés à ne pas le faire dans des proportions déraisonnables. Mais la clé, c’est surtout de s’éloigner pendant un temps de ces cycles répétés qui imposent un emploi du temps strict. Que fait un coureur pro en novembre ? Il lâche prise !”

Que fait un coureur pro en novembre ?

©Alex Broadway

En profiter pour faire d’autres sports, mais sans faire n’importe quoi

“Sur la pratique d’autres disciplines, on observe des schémas assez récurrents. Certains coureurs ont un bagage technique qui leur permet de faire d’autres sports mais il faut que ce soient des sports non-traumatisants. Vouloir faire de la course à pied, pourquoi pas ? Mais il faut avoir les capacités techniques pour le faire sans se mettre en péril. Il y a des athlètes qui sont en mesure de faire par exemple du ski de fond, mais le ski alpin sera considéré à risque. On estime ensemble la pertinence et la nécessité d’encadrement. Tout ton système musculaire étant habitué à fonctionner d’une certaine manière avec ces milliers de kilomètres effectués en saison sur le vélo, le moindre pas de côté peut générer des courbatures, contractures et des risques de tendinopathies. 

Le cyclisme, c’est un sport porté, pratiqué dans un seul axe, et qui génère des athlètes qui ont des gros moteurs. Si un coureur se met à faire de la course à pied alors qu’il n’a pas l’habitude, il peut s’exposer à aller à de trop fortes allures et ainsi à se blesser. On a tendance à encourager cette pratique mais dans de bonnes conditions et en faisant au cas par cas. La course à pied intégrée toute l’année à l’entraînement aide à répondre à des problématiques de type ostéoporose, notamment chez les grimpeurs qui sont des gabarits légers. L’impact de la course stimule le système osseux, ce qui n’est pas le cas sur les disciplines portées.

Certains coureurs, aussi, ont leur hiver chamboulé par la participation à la saison de cyclisme sur piste ou de cyclocross. Cela demande une planification bien précise pour concilier cela avec la route. Léo Bisiaux, qui par exemple fait la saison de cyclo-cross, aura forcément un programme adapté sur le début de l’année 2026.”

Que fait un coureur pro en novembre ?

©Valentin Morreel

On récapitule !

Que fait un coureur pro en octobre ?
🏁 Il dispute les dernières courses de sa saison.
🏢 Il enchaîne avec un stage qui va poser les bases de l’année suivante.
Que fait un coureur pro en novembre ?
🚳 Il se repose et se régénère.
🏋️ Il reprend ensuite progressivement l'activité sportive.
Que fait un coureur pro en décembre ?
📈 Il remet petit à petite de l'intensité dans son entraînement.
🌞 Il prend part à son premier rassemblement hivernal en Espagne.