L’année 2022 et le retour du Tour de France Femmes a été un catalyseur pour la pratique du cyclisme féminin, grâce au coup de projecteur dont il n’avait jamais bénéficié jusque-là.
Succès du Tour de France Femmes, sponsors, salaires, structuration des équipes pros, développement de la pratique féminine… On fait le point sur les avancées du cyclisme féminin !
LE SUCCÈS POPULAIRE DU TOUR DE FRANCE FEMMES, “DU JAMAIS VU” DANS LE CYCLISME FÉMININ
En seulement huit étapes, la course a conquis un nouveau public, plus de 30 ans après sa dernière édition. Certes un peu moins nombreux que sur certaines étapes masculines, c’est tout de même des milliers de spectateurs qui sont venus s’amasser au bord de la route, et pas moins de 19,8 millions de téléspectateurs qui ont regardé le Tour de France Femmes sur France TV selon Médiamétrie. ( 41,5 millions de téléspectateurs pour le Tour Hommes)
UN PARI RÉUSSI
“Les gens ont réalisé que c’est un vrai Tour, peu importe que ce soit des hommes ou des femmes. Il y a beaucoup de monde aux départs et aux arrivées, mais aussi tout au long du parcours. Et de voir des gamins sur le bord des routes venir encourager les athlètes féminines, ou bien des gens qui se déguisent et font des panneaux comme on a l’habitude de le voir sur les routes du mois de juillet, c’est un pari réussi.” réagit Marion Rousse, directrice du Tour de France Femmes au micro de France Bleu
“D’un point de vue sportif, je n’étais pas inquiète”, continue l’ancienne championne de cyclisme. “Je commente du vélo féminin tout au long de l’année, et elles nous offrent toujours du beau spectacle. Mais sur l’accueil du public, on ne peut jamais savoir.”
Marion Rousse explique avoir tout mis en place avec l’organisateur ASO pour en faire un vrai Tour. “Ça a porté ses fruits : on a laissé la caravane deux heures avant les coureuses, les médias ont bien communiqué et les gens ont envie de voir du cyclisme. Et peu importe que ce soit des hommes ou des femmes, on est là pour soutenir les athlètes…”
DES SPONSORS AU RENDEZ-VOUS !
Etre présent sur le premier tour de France féminin depuis 30 ans est une manne pour l’image des sponsors : promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes constitue un enjeu stratégique pour l’image des marques partenaires.
L’estimation des revenus sponsoring est évaluée à 6,725 millions d’euros, dont 2 millions d’euros par an sur 4 ans pour Zwift, partenaire en titre.
ŠKODA, partenaire majeur, offre « un niveau de partenariat équivalent au tour historique ». À l’instar du Tour de France, ŠKODA a fourni la flotte automobile à A.S.O. et s’est affiché comme sponsor du Maillot Vert (classement par points). A cela s’est ajoutée la présence de la caravane publicitaire ŠKODA sur les 8 étapes de la première édition femmes.
Un engagement global pour écrire l’histoire du cyclisme, conjugué au féminin !
QUELLES PRIMES POUR LES COUREUSES DU TOUR DE FRANCE FEMMES ?
Au total, 247.500 euros de prix et primes ont été distribués aux coureuses, dont 50.000 euros pour celle qui s’est imposée au classement général final, Annemiek van Vleuten, le maillot jaune sur les épaules – contre près de 2,3 millions d’euros pour leurs homologues masculins, dont 500.000 euros pour le vainqueur final. Ce qui constitue toutefois une dotation supérieure à une course UCI World tour d’une semaine pour les hommes.
VERS UNE STRUCTURATION DES ÉQUIPES PROFESSIONNELLES
La Française des Jeux est à ce jour la seule structure cycliste professionnelle pour femme en France et ce, depuis 2017. L’an dernier, la FDJ a renouvelé son engagement jusqu’en 2023 en renforçant les moyens financiers de cette équipe internationale permettant à 13 cyclistes d’accéder au statut de professionnelles. Mais également de s’appuyer sur un modèle économique rassemblant plus de 90 partenaires publics et privés dont 50 PME, près de 500 sympathisants et surtout sur la construction de son propre service course de 520m2 à Jaunay-Marigny (showroom, ateliers, salle de Zwift, salle de séminaire…).
A l’étranger, Trek-Segafrefo décline également sa structure au féminin depuis 2019 – et a d’ailleurs complété la prime de sa coureuse, première lauréate du Paris-Roubaix féminin, Lizzie Deignan, pour qu’elle soit équivalente à celle de son homologue masculin – tandis qu’ UAE Team Emirates, l’équipe de Tadej Pogacar, vient tout juste d’annoncer le lancement d’une équipe féminine pour 2022. Apartir de 2023, le statut de néo-pro fera son apparition dans les WorldTeams féminins. Les cyclistes concernées seront celles qui signent leur premier contrat pro à moins de 23 ans.
Ces néo-pros, comme leurs consœurs des équipes de première division, bénéficieront d’un salaire minimum décidé par l’UCI. D’ailleurs, en 2023, les salaires plancher des WorldTeams féminins seront alignés sur ceux des ProTeams masculins.
L’objectif de l’UCI est d’arriver à des salaires minimums égaux entre les équipes de 1ère division, hommes et femmes.
COMBIEN GAGNENT LES COUREUSES ?
Depuis 2022, l’UCI World Team, la plus haute division mondiale qui regroupe actuellement 14 formations, oblige les équipes à verser un salaire minimum à leurs coureuses et de proposer un véritable contrat de travail, leur offrant notamment le droit de prendre un congé maternité.
Le salaire moyen des coureuses tend à augmenter. Il était de 15.000 euros en 2020 et avoisine les 27.500 euros en 2022, soit une augmentation d’environ 45 %. L’UCI maintient un objectif de 32.100 euros en 2023 pour atteindre le salaire des coureurs des équipes masculines UCI pro teams, deuxième niveau des équipes cyclistes professionnelles sur route.
UN VÉLO D’OR FÉMININ : UNE GRANDE PREMIÈRE !
Aucune femme n’apparaissait dans la liste annuelle des prétendants au titre du Vélo d’Or … et pour cause : pour la première fois dans l’histoire de cette récompense créée en 1992, le titre du Vélo d’Or s’est enfin conjugué au féminin !
C’est Pauline Ferrand-Prévot qui a été sacrée « meilleure cycliste française de l’année ». En 2022, la Rémoise a en effet décroché quatre titres de championne du monde : trois en VTT (cross-country olympique, short-track, marathon), ainsi que le tout premier de l’histoire en gravel. Elle avait déjà été distinguée du titre de championne des championnes françaises par L’Équipe en 2014, 2015 et 2020.
UNE PRATIQUE SPORTIVE QUI PEINE TOUT DE MÊME À SE DÉVELOPPER
La pratique sportive du cyclisme féminin peine à se développer. A ce jour, les femmes ne représentent par exemple que 10% environ des licenciés de la FFC – un pourcentage souvent plus faible par ailleurs sur les grandes cyclosportives du calendrier. Pourtant depuis près de 15 ans, la Fédération Française de Cyclisme (FFC) dont ŠKODA est partenaire, s’engage sur ce terrain à coups de multiples plans de développement et a organisé, notamment, des Etats Généraux du cyclisme féminin en 2017. Dans cette optique, la FFC a lancé un ambitieux plan fédéral de féminisation 2021-2024. Les axes sont multiples : accès et promotion de la pratique, haut-niveau, formation, féminisation des métiers, formation, communication et enfin prévention et sensibilisation contre toutes formes de violences dans le sport.
Le chemin est long, la distance avec son homologue masculin semble encore difficille à rattraper à l’heure actuelle pour le cyclisme féminin mais les planètes pourraient pourtant enfin s’aligner. De bon augure pour le développement de la pratique féminine !