L’hiver n’arrête pas les cyclistes : il impose simplement de mieux choisir son terrain de jeu. Quand les grands cols d’altitude ferment, des cols ouverts existent : accessibles, entretenus et parfaitement roulables. Altitude modérée, routes déneigées, stations actives ou vallées habitées : partout en France, il existe des montées emblématiques, souvent empruntées par le Tour de France, que l’on peut continuer à grimper même en plein cœur de l’hiver.
Avec l’aide des capitaines Škoda We Love Cycling, voici un guide massif par massif pour continuer à prendre de la hauteur, sans jouer avec les fermetures saisonnières.
Le bon plan : viser les cols qui mènent à des stations
En hiver, la règle est simple : les cols qui mènent à des stations de ski ou à des zones habitées sont les plus fiables. Ces routes sont entretenues quotidiennement pour permettre l’accès aux habitants et aux activités touristiques, ce qui en fait des ascensions idéales pour ceux qui continuent à être sur le vélo en hiver.
L’exemple le plus parlant reste l’Alpe d’Huez. Ce n’est pas un col au sens strict, mais l’une des montées les plus mythiques du Tour de France. Parce qu’elle mène directement à une station, la route reste ouverte tout l’hiver. Un terrain d’entraînement symbolique… et un clin d’œil évident au Tour de France 2026, qui grimpera l’Alpe d’Huez à deux reprises.
Alpes : le royaume des “cols-stations”
Dans les Alpes, la logique hivernale est limpide : lorsqu’un col dessert une station, la route reste ouverte. C’est ce qui permet de continuer à rouler en altitude, même en janvier.
Le col des Saisies. © chisloup
Col des Aravis + Col des Saisies
Ces deux cols forment un duo idéal pour l’entraînement hivernal. Le col des Aravis offre deux profils distincts : un versant plus exigeant depuis Flumet (11,6 km à 5,3 %) et une montée plus progressive depuis Thônes (18,9 km à 4,6 %). Le col des Saisies, plus roulant, se grimpe en régularité, avec des pentes moyennes comprises entre 5 et 6,5 % selon le versant.
L’intérêt majeur réside dans la possibilité de lier les deux au sein d’une même sortie. La boucle proposée par Nell, notre capitaine Auvergne-Rhône-Alpes, totalise environ 113 km et 2 300 m de D+ au départ d’Albertville : un format parfait pour s’entraîner sur le vélo en hiver sans s’exposer aux cols encore fermés.
Plus au sud, le col de Turini (3 versants avec de longues sections à 7% de pente moyenne) reste également une valeur sûre en hiver. Point culminant idéal d’une sortie entre montagne et Méditerranée, il permet de prolonger l’effort avant de redescendre vers la Côte d’Azur.
Pyrénées : des vallées qui restent actives toute l’année
Les Pyrénées ont l’avantage de proposer de nombreux cols d’altitude modérée, reliant des vallées habitées ou des stations. Résultat : trouver des cols ouverts à cette période de l’année est une chose aisée.
Le col de Latrape. © PierreG 09
Col de Port & Col de Latrape
Mathilde, capitaine de la région Occitanie, nous fait prendre la direction de l’Ariège. Ces deux classiques régulièrement empruntés par le Tour de France, restent accessibles grâce à leur rôle de liaison. Le col de Port, régulier (12,8 km à 4,7 % par Masssat, est idéal pour des sorties tempo hivernales. Le col de Latrape, qui mène à la station de Guzet-Neige, bénéficie d’un entretien régulier et reste très accessible (5 km environ pour les deux versants, autour des 7 % de pente moyenne)
L’une des sorties Škoda We Love Cycling au col de Marie-Blanque.
Col de Marie-Blanque
Plus à l’ouest, nous avons sollicité Alice, capitaine Nouvelle-Aquitaine, pour nous donner son coup de cœur de l’hiver (et de l’été aussi !). À 1 035 m, le col de Marie-Blanque relie les vallées d’Aspe et d’Ossau. Depuis Bielle (15 km à 4,1 %), la montée part fort avant de s’adoucir. Depuis Escot (9,1 km à 7,7 %), le ton change : les pentes vont crescendo, offrant un terrain exigeant pour développer la force. Un col complet, formateur et praticable toute l’année.
À noter que d’autres classiques pyrénéens restent souvent ouverts, comme le col de Peyresourde ou le col du Soulor, tandis que le Tourmalet est fermé en hiver, sa partie haute étant utilisée comme piste de ski.
Massif Central : un terrain de jeu hivernal sous-estimé
Souvent résumé à ses volcans et à ses plateaux, le Massif central est pourtant l’un des massifs les plus intéressants en hiver, comme nous l’a si bien vendu Gaël, l’un des capitaines de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Altitudes raisonnables, routes rarement fermées et relief varié en font un allié précieux pour continuer à grimper à vélo en hiver.
© HaudebourgF
Col de Bancillon (gravel)
À 549 m, le col de Bancillon s’inscrit sur la trace de la grande Traversée du Massif Central à VTT. Deux options permettent d’ajuster l’intensité : une montée plus progressive via la rue de Blanzat, ou une version nettement plus engagée via la rue du Cheval, avec des pentes très raides jusqu’à 27 % dès les premiers virages ! Au sommet, plusieurs pistes permettent de composer des boucles gravel variées, à moins de cinq kilomètres du centre de Clermont-Ferrand, avec vue sur le Puy-de-Dôme.
© Pierre-joseph G / cols-cyclisme
Col de la Croix des Gardes (route)
Situé à 654 m, entre Issoire et Clermont-Ferrand, le col de la Croix des Gardes offre un panorama dégagé sur le massif du Sancy. L’ascension depuis Parent, empruntée par le Critérium du Dauphiné 2025, propose un effort régulier (7,7 km à 3,55 %), idéal pour travailler le tempo en plein hiver. Plusieurs descentes permettent ensuite de composer des boucles adaptées aux conditions du jour.
Vosges : des pentes courtes mais intenses, toujours accessibles
Les Vosges sont souvent la meilleure option hivernale pour les cyclistes de l’est de la France. Le relief y est plus bas, les routes moins fréquentées, et certaines montées mythiques du Tour restent praticables. Aurélie, notre capitaine Bourgogne-Franche-Comté, nous livre son coup de cœur parmi les cols ouverts dans le coin.
Aurélie notre capitaine sur le bitume de la Planche des Belles Filles.
La Planche des Belles Filles
Rendue mythique par le Tour de France, la Planche des Belles Filles est une montée courte mais redoutable. Les pentes irrégulières empêchent de trouver un vrai rythme, jusqu’au final à 20 %, voire 23 % sur la Super Planche. La présence de la station garantit une accessibilité fiable en hiver. À proximité, le ballon de Servance ou le ballon d’Alsace permettent de prolonger la sortie, tandis que le plateau des Mille Étangs offre un décor hivernal unique.
Jura : accessible et roulant même en plein hiver
Le Jura a cette particularité d’être une montagne faite de plateaux, de vallées larges et de stations familiales. On peut y pratiquer le ski nordique, les raquettes, le ski alpin et même le vélo en hiver. Résultat : les cols ouverts sont nombreux, même en plein cœur de la saison froide.
© Kobzarius
Col de la Faucille
À 1 320 m, le col de la Faucille relie Gex à Mijoux et reste ouvert toute l’année grâce à la station située au sommet. Depuis Mijoux, la montée est douce et régulière (8,5 km à 4%), idéale pour l’endurance. Le versant de Gex, plus soutenu (11,8 km à 6%), permet de travailler la puissance tout en profitant de superbes vues sur Genève et le lac Léman. Un troisième itinéraire, depuis Morez, traverse le plateau des Rousses via un long faux-plat montant (26,8 km à 2,3 %), parfait pour les sorties hivernales en gestion
Dans la région de Chambéry, le col du Chat (7,2 km à 5,7 %) fait lui aussi partie de ces cols ouverts en hiver. Culminant à moins de 700 mètres d’altitude, il reste souvent praticable et offre, au fil de la montée, une vue spectaculaire sur le lac du Bourget. Une option idéale pour continuer à grimper en saison froide, sans s’exposer aux contraintes des cols plus élevés.
Provence : admirer le Ventoux depuis ses contreforts
Dans le Sud, l’hiver est sec, lumineux et idéal pour grimper. Même lorsque le Mont Ventoux ferme, plusieurs cols du Tour restent accessibles, avec des routes propres et des paysages méditerranéens. Romain, l’un de nos deux capitaines en région PACA, t’a trouvé deux cols ouverts pour te dégourdir les jambes.
Le col de la Madeleine sur le Mont Ventoux Dénivelé Challenge en 2022. © Marianne Casamance
Col de la Madeleine et col de Murs
La Madeleine vauclusienne, entre Bédoin et Malaucène, propose une montée en paliers agréable (autour des 2 % de moyenne sur 6 km), au cœur d’une végétation méditerranéenne. Le col de Murs, plus long et régulier (10,4 km à 4,3 %), a été emprunté par le Tour de France et Paris-Nice. Abrité du vent et accessible toute l’année, il constitue un excellent terrain pour des sorties hivernales de qualité.
L’hiver reste un terrain de jeu tout en restant vigilant
Faire du vélo en hiver et grimper des cols reste une expérience enrichissante, à condition d’adapter son approche. Une tenue adaptée est indispensable pour gérer l’effort en montée et le froid en descente. Un vélo bien entretenu — pneus en bon état, freinage fiable, éclairage efficace — devient essentiel sur des routes souvent humides ou sales.
Il faut aussi garder en tête que les routes menant aux stations sont plus fréquentées en hiver. Se rendre visible et éviter les périodes de trafic dense font partie des bons réflexes à adopter.
Et lorsque les conditions ne sont pas réunies, il existe une alternative sûre : les répliques de cols du Tour de France sur home-trainer ou sur Zwift, idéales pour travailler l’effort sans prendre de risques.
L’hiver reste un immense terrain de jeu. À condition de choisir le bon versant… ou la bonne version virtuelle.
