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Le cyclisme féminin a connu une transformation remarquable au cours de la dernière décennie. Cette évolution concerne notamment les structures salariales et la viabilité financière des équipes et des athlètes.

L’introduction des salaires minimums et son impact

Avant 2020, aucune grille salariale n’était imposée dans le peloton féminin. Ainsi, de nombreuses coureuses vivaient de primes, de sponsors personnels, ou exerçaient un second emploi. Cette précarité freinait la professionnalisation du sport.

Toutefois, l’instauration d’un salaire minimum obligatoire pour les équipes Women’s WorldTour a marqué un tournant décisif. Ce dispositif a permis d’aligner les conditions salariales des femmes sur celles des hommes évoluant en ProTeam.

En 2020, le salaire minimum était fixé à 15 000 € par an pour les indépendantes et 26 849 € pour les salariées. Depuis, ces montants n’ont cessé d’augmenter, si bien que les écarts se réduisent progressivement.

cycliste féminine se ravitaillant

Détail des revenus : combien gagnent réellement les cyclistes ?

Si le salaire minimum a permis de rehausser le niveau général, les écarts restent importants dans le peloton féminin. En moyenne, une coureuse du WorldTour perçoit entre 80 000 € et 100 000 € par an.

Équipières

Elles gagnent généralement entre 40 000 € et 80 000 €. Leur rémunération dépend de leur expérience, du niveau de l’équipe et de leur spécialité. Une nette progression par rapport au passé, mais encore inférieure aux salaires masculins.

Top 10 régulières

Celles qui figurent régulièrement dans le top 10 ou brillent dans des spécialités comme le sprint ou le contre-la-montre – peuvent atteindre 150 000 à 250 000 € par an.

Stars du peloton

Les femmes les mieux payées du circuit peuvent gagner entre 300 000 € et 500 000 € par an. Certaines grandes figures du peloton, comme Annemiek van Vleuten, ont même perçu plus de 850 000 € par an.

Comment ces salaires se comparent-ils à ceux du peloton masculin ?

Toutefois, les revenus féminins restent bien inférieurs à ceux de leurs homologues masculins. À titre de comparaison, le salaire moyen d’un coureur WorldTour masculin s’élève à 501 000 € par an.

Les stars masculines, comme Tadej Pogačar ou Jonas Vingegaard, gagnent entre 6 et 7 millions d’euros par an. Même les équipiers masculins touchent souvent plus de 200 000 €, soit le double d’une équipière féminine.

Cette différence s’explique par la visibilité médiatique plus forte du cyclisme masculin. Elle attire plus de sponsors et augmente les budgets des équipes.

Jonas Vingegaard et Tadej Pogacar

Le rôle du sponsoring et des primes de course

Comme dans d’autres disciplines, le sponsoring reste la principale source de financement des équipes. Contrairement aux sports basés sur la billetterie ou les droits TV, le cyclisme repose largement sur les partenariats de marque.

Heureusement, l’arrivée de grands sponsors dans le cyclisme féminin a contribué à l’amélioration des ressources. Toutefois, l’écart reste significatif. Les meilleures équipes féminines disposent de budgets annuels de 6 à 7 millions d’euros, contre plus de 40 millions d’euros pour les équipes masculines les plus puissantes.

Les disparités salariales ne s’arrêtent pas là. Elles se retrouvent également dans les primes de course. Par exemple, en 2022, le Tour de France Femmes avec Zwift proposait une cagnotte de 250 000 €, dont 50 000 € pour la gagnante. Un événement qui ne cesse de prendre de l’ampleur d’année en année, comme nous l’expliquons plus en détail dans cet article dédié.

Cela marque un progrès important. Toutefois, la comparaison avec le Tour de France masculin, dont la dotation dépasse 2,3 millions d’euros, montre bien l’ampleur du chemin qu’il reste à parcourir.

Et demain ? Le futur des salaires dans le cyclisme féminin

Malgré tout, l’évolution suit une trajectoire positive. Plusieurs leviers pourraient permettre de combler les écarts :

Croissance des sponsors

L’intérêt croissant des marques pour le cyclisme féminin pourrait permettre d’augmenter les budgets et les salaires.

Amélioration de la couverture médiatique

Plus de retransmissions TV ou en streaming pour les courses féminines pourraient élargir le public et stimuler les revenus.

Plafonnement des salaires et partage des revenus

Certains experts proposent d’instaurer des plafonds salariaux ou un modèle de redistribution pour créer un écosystème plus durable.

Vers la barre du million ?

Les discussions autour de salaires dépassant le million d’euros pour les meilleures coureuses sont déjà en cours. Certains noms pourraient franchir ce cap dans les années à venir.

Une route prometteuse, mais encore inégale

En somme, le cyclisme féminin a franchi un cap important grâce à l’introduction des salaires minimums et à une professionnalisation accrue. Les conditions de travail sont bien meilleures qu’il y a dix ans.

Toutefois, les écarts avec le cyclisme masculin restent notables, en particulier au sommet. Car combler ces écarts nécessite une stratégie globale mêlant investissements, visibilité et équité.

Ainsi, la parité salariale dans le cyclisme ne relève plus du simple idéal. Elle devient un objectif réaliste, à condition de poursuivre sur cette lancée. La route est encore longue, si bien que chaque avancée compte plus que jamais.