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Le vélo, c’est plus qu’un sport, c’est une culture. Une culture qui allie performance, convivialité et vivre-ensemble. Enfin, pas pour tout le monde, car il existe un type de cycliste bien particulier : vous le connaissez tous, vous l’avez tous croisé un jour. C’est lui, le cycliste détestable, celui qui pense que la route est à lui, qui se prend pour une star du peloton, mais qui reste bloqué à 20km/h et que tout le monde déteste.

Le vrai talent du cycliste détestable, c’est de faire l’unanimité : il est une vraie plaie, pour tout le monde : voitures, piétons, autres cyclistes, et même les chiens et les pigeons. Chaque kilomètre parcouru est un cauchemar pour tous les autres usagers de la route, et à force, il faut savoir reconnaître au cycliste détestable un vrai talent : celui d’être toujours le pire, qu’importe la situation. 

Tu veux savoir comment devenir cet anti-héros du quotidien ? Terroriser les rues, te mettre en danger en même temps que les autres est ton projet de vie ? Parfait ! 

Voici 10 astuces imparables pour que tu réussisses à devenir toi aussi le parasite que ta ville mérite.

Étape 1 : Tu es le centre du monde, toi et toi seul.

Chaque matin, le soleil se lève uniquement pour toi. Tes parents t’ont dit à 4 ans que tu étais le plus beau, et qui sommes-nous pour contredire papa et maman ? Alors, quand tu enfourches ton vélo, souviens-toi que le monde est à toi et à personne d’autre.

Ton coureur préféré ? Thomas De Gendt : si un groupe a l’honneur de rouler avec toi, pas question de ralentir : tu pars devant tout seul, on se reverra à l’arrivée. Les règles de circulation ? Pourquoi faire ? Les feux rouges sont une construction sociale, les panneaux Stop ne servent à rien de toute façon, les priorités ne valent que pour ceux qui ralentissent. Et si par malheur, on te fait un rappel au code de la route, ton majeur se lève plus vite que son ombre. Bien communiquer, c’est important. La route se partage, prenons-en le plus gros morceau fièrement.

Étape 2 : Ne roule pas avec n’importe qui

Puisque tu es cycliste, il est évident que tout le monde ne mérite pas de partager ce sport génial avec toi. Ceux que tu estimes dignes de t’accompagner doivent suivre des règles strictes, évidemment.

« Rouler pour le plaisir » ? Sérieusement ? Le plaisir c’est pour les losers. Alors, si tu croises quelqu’un avec un vélo entrée de gamme, un cuissard pas cher ou, pire encore, une sacoche de selle, fais-lui savoir qu’il n’est pas à sa place. Le pire ? Ceux qui roulent sur un vélo à moins de 10 000 €. Et puis quoi encore ? Un VTC, aussi ? Un vrai cycliste, ça roule sur un vélo de chrono avec un maillot de champion du monde, on n’est pas là pour finir dans le gruppetto.

Rappelle toi que tu sais mieux que tout le monde : n’hésite pas à donner des conseils, sauf à ceux qui t’en demandent vraiment. S’ils ont besoin de conseils, qu’ils restent chez eux.

Étape 3 : les feux rouges n’existent pas

Un feu rouge, c’est avant tout une invitation au défi. Après tout, si les piétons ne veulent pas se faire renverser, ils n’ont qu’à faire attention en traversant. Oh, on ne va pas non plus s’arrêter à chaque feu, on n’est pas des animaux !

De toute façon, si une voiture te percute, c’est forcément elle qui est en tort. N’oublie pas de rappeler que c’est toi, le plus fragile, lancé à 35 km/h avec un cuissard pour seule protection. Et puis il y a les scooters, les SUV, les trottinettes : ils sont forcément pires, ça justifie tout.

Étape 4 : Slalome entre les piétons sur le trottoir

Tu es au cyclisme ce que Marcel Hirscher est au slalom. Pourquoi perdre ton temps à chercher un parcours d’obstacles en pleine nature quand les trottoirs urbains sont déjà un terrain de jeu idéal ? Les escaliers, les rampes pour handicapés, tout ça c’est de l’entraînement pur.

Slalomer entre les piétons à toute vitesse, c’est un art que seuls les vrais cyclistes comprennent. Les enfants qui courent partout, les personnes âgées qui marchent lentement, et même ceux qui transportent leur café brûlant ? Parfaitement alignés pour te permettre de perfectionner tes skills.

Travaux ? Sens interdit ? Aucun problème, le trottoir est là, et il est bien assez large pour que tu y files à toute vitesse.

Étape 5 : Fais des roues arrières partout

Rien n’affirme plus ta domination que de faire des roues arrière en plein milieu d’une zone piétonne bondée. La clé est de maintenir une confiance à toute épreuve. Si tu réussis ton geste, les foules se disperseront comme des pigeons tandis que tu traverseras avec classe.

Et si par malheur quelqu’un ose se plaindre, rappelle-lui que le cyclisme c’est aussi une affaire de flow. Qui a besoin de bon sens quand on a du style ?

Étape 6 : Deviens la prochaine star des réseaux

TikTok cherche constamment la prochaine star des réseaux. Toi, tu es l’étoile montante qui n’a juste pas encore été découverte. Fini le vélo pour le plaisir ou la performance. Maintenant, tout tourne autour du contenu.

Monte au moins trois GoPro sur ton vélo. Arrête-toi à chaque coin de rue pour poster des stories sur Instagram. Passe plus de temps à rédiger des légendes « inspirantes » qu’à réellement pédaler. Force ton groupe à faire une pause pour un shooting improvisé — et bien sûr, plains-toi si la lumière n’est « pas idéale ». N’hésite pas à crier sur les autres cyclistes qui osent apparaître dans ton cadre, même si tu squattes la même bosse depuis des heures. Et surtout, n’oublie pas de poster le moindre kilomètre sur Strava et de faire ton post LinkedIn récap de fin d’année, sinon, ça ne sert à rien !

Étape 7 : C’est toi le meilleur !

Maintenant que tu es la star, le leader, le demi-dieu du cyclisme, personne ne peut rivaliser avec toi. Peu importe ce que les autres racontent, ton histoire sera toujours plus folle, plus incroyable, plus légendaire.

Ils ont fait Paris-Nice ? Toi, tu as roulé de Lisbonne à Moscou. Ils ont grimpé l’Alpe d’Huez le week-end dernier ? Facile. Toi, tu l’as fait sous une tempête de neige, avec un mètre de poudreuse sur la route. Quelqu’un montre une photo d’un écureuil qui se pose sur sa selle pendant qu’il se repose ? Pff… rien du tout. Toi, tu as pédalé en compagnie d’une horde de girafes sauvages, mais l’une d’elles a emporté ta GoPro par accident. Jamais, ô grand jamais, tu ne dois laisser quelqu’un voler la vedette. La star, c’est toi.

Étape 8 : Roule où tu veux peu importe la route

Le mot « compromis » ne fait tout simplement pas partie de ton vocabulaire. Les compromis, c’est pour les faibles. Toi, tu fais ce que tu veux, où tu veux, quand tu veux. Une côte à 20 % sur une route étroite ? C’est ton terrain de jeu. Rue piétonne ? Sortie d’école ? Qu’importe, ce KOM Strava ne t’échappera pas, tant pis s’il faut rouler sur un gosse.

Un escalier raide, impossible à descendre en toute sécurité ? Parfait. Dévale-le sans sourciller, qu’importe si tu renverses deux ou trois personnes âgées sur la route. Après tout, il faut bien trouver une solution aux problèmes des retraites, tu fais ça pour le bien de la France.

Étape 9 : La roquette de morve : l’arme ultime

Ah, la roquette de morve. Qui n’a jamais lancé un missile nasal en pleine sortie de groupe ? Les cyclistes ordinaires prennent un peu de distance, préviennent leurs camarades et font ça discrètement. Mais pas toi. Pourquoi quitter cette position si confortable, bien au centre du peloton, juste pour te moucher ? De toute façon, le COVID c’est fini, on peut désormais balancer ses miasmes sur les copains en toute sécurité.

Et soyons honnêtes, il n’y a pas de meilleure façon de marquer ton territoire que de balancer un missile de morve à toute vitesse. Conseil bonus : renseigne toi bien sur la direction du vent pour toucher le maximum de collègues. Il y a forcément une région quelque part où c’est une tradition entre amis.

Étape 10 : Insiste sur le fait que toutes tes sorties sont incroyables

Peu importe si ta sortie était aussi banale qu’un petit tour au parc, si tu étais dessus, alors c’était forcément épique. Tout ce que tu fais est remarquable, tu es un champion et personne ne pourra te convaincre du contraire.

Tu as remonté les Champs-Elysées ? N’oublie pas de dire que les pavés sont aussi pourris qu’à Roubaix. Tu es allé faire des courses ? Insiste sur le vent de face à 50km/h et la pluie diluvienne sur la route du Leclerc de Pont L’Abbé. Qui va aller vérifier la météo d’hier ? Personne. Autant l’inventer.

Chaque sortie doit être une odyssée inoubliable. Qui sait, peut-être qu’un jour, tu écriras une comédie musicale pour immortaliser ce trajet légendaire vers la ville voisine, avec cette petite côte si mythique.

Félicitations, tu es maintenant un cycliste détestable.

Si tu appliques ces conseils à la lettre, tu deviendras rapidement celui que tout le monde redoute : l’infâme cycliste ultime. Les piétons s’écarteront, les automobilistes t’enverront des regards furieux, et tes compagnons de route pousseront des soupirs de désespoir à chaque tour de roue. Bien sûr, tu finiras peut-être à l’hôpital, mais ça fera une belle publication motivante pour LinkedIn, et tu pourras toujours dire que c’est la faute des autres.

Même si au fond, les autres, on s’en fout.

L’important : c’est toi.